Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle

Docteurs

  • Titre de la Thèse: Déplaire à son public pour un auteur du XVIIIe siècle : le cas de Rousseau
  • Fonction: Maître de conférence en Littérature française (17e-18e siècle), Université de Haute-Alsace

Christine Hammann

Déplaire à son public pour un auteur du XVIIIe siècle : le cas de Rousseau, sous la direction de Jacques Berchold. Thèse soutenue le 26 juin 2009.

Déplaire : ni une notion constituée, ni un champ de recherche. Mais une revendication : celle de plusieurs écrivains et artistes français au XVIIIe siècle, rechignant à répondre aux attentes du public. L’avènement d’une « opinion publique », dont l’autorité est contestée, renforce leur désir d’autonomie. Parmi les plus éloquents d’entre eux : Rousseau. À partir du Discours sur l’origine de l'inégalité [1751] et à l’occasion d’une éclatante « réforme » personnelle, le Citoyen de Genève établit la nécessité de rompre avec les arts de plaire qui ordonnaient la vie sociale et l’écriture littéraire depuis le XVIIe siècle. Mais il est bientôt confronté aux écueils de la tentation autarcique et d’une revendication d’indépendance immédiatement susceptible de se transformer en stratégie de séduction. Ainsi l’écrivain dénonce, au tournant des années 1760, sa posture d’auteur « rébarbatif ». Ce faisant, il s’essaie à fonder un nouveau plaire, libre et dégagé des obligations courtisanes… La poétique qui accompagne cette réhabilitation d’une forme de séduction se déploie notamment dans La Nouvelle Héloïse. Parvient-elle pour autant à surmonter l’interdit du plaisir littéraire posé par la Lettre à d’Alembert ? Cela n’est pas certain ; car c’est sa propre entreprise de persuasion qu’en dernière instance l’écrivain dénonce, et c’est en empoisonneur public qu’il se présente, secrètement, entre les lignes de son roman.