Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle

Doctorat

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  • Titre de la Thèse: Le paysage proustien, des écrits de jeunesse à la recherche du temps perdu

Keiichi Tsumori

Le paysage proustien, des écrits de jeunesse à la recherche du temps perdu, sous la direction de Pierre-Edmond Robert. Thèse soutenue le 9 mars 2011.

Le paysage renvoie d’abord à un genre pictural qui a pour objet principal la nature. En littérature, il désigne la représentation d’un pays par le biais de l’écriture. Le paysage, chez les Romantiques, est le lieu de l’expansion du sujet dans le monde. En phase avec les courants positivistes et matérialistes de l’époque, les réalistes considèrent, quant à eux, le paysage comme une représentation fidèle des choses. Pour l’école symboliste, en revanche, le paysage existe exclusivement à l’intérieur de l’esprit et ne fonctionne que comme un miroir de l’âme. En peinture, les Impressionnistes essaient de capturer en un instant les effets de lumière tels qu’ils se reflètent sur leurs yeux. Héritier des Romantiques et des Réalistes, contemporain des Symbolistes et des Impressionnistes, Proust a dû être sensible à la polyvalence du paysage. Le paysage constitue bien un motif-clef pour comprendre une esthétique qui évolue au fur et à mesure de la formation de l’écrivain. Des écrits de jeunesse à la Recherche du temps perdu, nous pouvons en effet entrevoir que le statut du paysage se complexifie, se transforme et se réforme, soit à travers ses expériences de voyage, soit à travers les rencontres avec artistes, esthètes et poètes. Notre propos est ici de mettre en valeur les tâtonnements de Proust entre le paysage intérieur et le paysage extérieur et d’associer cette dialectique au thème principal de son œuvre ultime. Dans À la recherche du temps perdu, le paysage sert de clef à la vocation littéraire qui détermine la structure romanesque. Proust y présente la saisie du paysage par le héros et, selon ce biais, réussit à rendre compte de la totalité de son cheminement perceptif.